Il en est des conteurs comme des comédiens : ils doivent être en mesure de raconter une histoire tout en donnant vie à plusieurs personnages tous différents... Et nous convaincre d'une vérité qui est déjà d'ordre théâtral. Laurent Eyraud-Chaume est sans aucun doute de ceux-là. Auteur du texte, seul en scène avec quelques menus accessoires, doté d'une rare énergie, il fait vivre, pendant près d'une heure trente, tout un village... Seul véritable élément scénique : une table en formica.Dans une petite commune, un vieil agriculteur décède... et lègue toute sa fortune au village à condition que celle-ci soit utilisée pour l'instauration du communisme ! Stupeur générale au conseil municipal lors de la lecture du testament par le notaire du village. Réactions diverses des conseillers, chacun très bien campé par le comédien. Mais en voulant donner cette petite leçon de vie en forme de fable, le défunt réussit à susciter des réflexions et des réactions propres à modifier des attitudes personnelles, celles de plusieurs villageois, face aux problèmes de cette petite société, jusqu'ici un peu trop conformiste...Il y a quelquefois des digressions oniriques, limite surréalistes, qui arrivent opportunément pour alléger une atmosphère qui n'est pourtant, au demeurant, jamais pesante... D'autant que le comédien-conteur et, faut-il le préciser, poète, semble éprouver un plaisir enfantin à faire vivre tout ce petit monde, échantillon d'une humanité en devenir qui nous ressemble étonnamment.