Cendrillon, version 2025

À l’invitation de la co[opéra]tive, collectif de production d’opéra qui s’est affirmé au plan national ces dernières années, David Lescot s’empare de l’opéra de Pauline Viardot pour en faire un spectacle de théâtre musical. Avec le compositeur Jérémie Arcache, qui signe un arrangement pop de la musique originale, et la pianiste Bianca Chillemi, qui réunit autour d’elle un ensemble de trois musiciens, ils donnent une nouvelle jeunesse à cette opérette, rarement jouée, dont ils révèlent toute l’actualité. Car Cendrillon, que ce soit dans la version de Perrault ou dans celles d’autres auteurs, c’est autant l’histoire d’une opposition de classes sociales que celle d’une famille éclatée puis recomposée, avec les difficultés que cela implique. C’est aussi une histoire parcourue de sentiments universels : amour, jalousie, rivalités, entraide… De quoi toucher toutes les générations au fil des siècles.
La version de Pauline Viardot possède, par ailleurs, l’avantage d’être courte, plus courte que celles de Rossini ou de Massenet. Cela permet à David Lescot de livrer un opéra d’un peu plus d’une heure, accessible aux enfants à partir de 7 ou 8 ans. L’histoire de la pauvre orpheline au service de ses demi-sœurs : sa sortie au bal, aidée par sa marraine la fée, la pantoufle de vair perdue en chemin, le mariage avec le prince charmant… Tout cela, n’importe quel enfant l’a vu chez Disney ou entendu lorsqu’on lui a lu les contes de Perrault ; le scénario n’est donc pas compliqué à comprendre, même lorsque le chant se fait lyrique et qu’il faut suivre le texte grâce aux surtitres. Les touches d’humour apportées par le personnage du père et du majordome du prince au passé frauduleux n’entravent en rien la limpidité du conte ; elles sont là pour faire sourire les plus grands, tandis que les petits s’émerveilleront plutôt de l’incroyable citrouille / carrosse électrique ou de l’apparition rocambolesque de la fée, tombée dans la cheminée. C’est grâce à ces trouvailles de mise en scène, grâce aux magnifiques costumes et aux décors inventifs que ce Cendrillon égale les grands opéras. On citera, pour exemple, les tableaux de maitre qui composent la toile de fond de la demeure de Cendrillon, représentant des musiciens fictifs mais dissimulant, avec des effets de transparence, les vrais musiciens. C’est lors de la scène du bal que l’on découvre enfin ces véritables instrumentistes, sur une estrade jusque-là cachée derrière le décor initial. C’est une belle réussite visuelle, qui est à découvrir de ses propres yeux, de même que les performances vocales des sept chanteurs sont à apprécier en live, de ses propres oreilles. Vous l’avez compris : nous vous recommandons ce Cendrillon version 2025 !